Ceci n’est pas un article mais plutôt un pense-bête destiné à me remémorer les traits de quatres acteurs emblématiques. Leurs noms se ressemblent un peu et si j’ai regardé hier soir Les Mines du roi Salomon, c’est surtout pour me rafraîchir la mémoire concernant l’acteur principal de ce film qui n’a pas très bien vieilli : intrigue convenue, personnages stéréotypés, théâtralité du doublage en français (selon la mode de l’époque), reste la magie du technicolor… Et donc, aux côtés de la flamboyante Deborah Kerr, la présence lumineuse de Stewart Granger (1913-1993). De son vrai nom James Stwart Lablanche, le héros de Scaramouche et Les contrebandiers de Moonfleet adopta le pseudo de Stwart Granger afin d’éviter la confusion avec James Stewart. Un peu raté si j’en juge par mon cas.
Quant à James Stewart (1908-1997), ses biographes nous disent qu’il a joué quatre fois pour le maître du suspense, Alfred Hitchcock. Dans La corde, tour d’abord, puis dans l’un des plus grands chef d’oeuvre du maître, Fenêtre sur cour, en 1955. L’année suivante, il jouera dans L’homme qui en savait trop, et enfin en 1958 dans Sueurs froides. L’échec commercial de ce dernier sonna la glas de leur collaboration (exigé par les studios, les deux hommes désirant malgré tout continuer à travailler ensemble). James Stewart fut même pressenti pour jouer dans La Mort aux trousses, mais les studios imposèrent Cary Grant. Curieusement, ce dernier devait initialement tenir le rôle de James Stewart dans La corde. Les deux acteurs sont donc quittes.
Ce même Cary Grant (1904-1986) que l’on aurait tendance à confondre avec Gary Cooper. Selon Wikipédia, Howard Hawks dit de Cary Grant qu’il était « de si loin le meilleur qu’aucun ne pouvait se comparer à lui. » Tout aussi élogieux, Hitchcock confia « qu’il était le seul acteur qu’il ait jamais aimé de toute sa vie ». Grant apparaît ainsi dans de grands classiques du maître du suspense : Soupçons, Les Enchaînés, La Main au collet et La Mort aux trousses.
Terminons par le plus ancien Gary Cooper (1901-1961). Son jeu tout en retenue l’a conduit à incarner régulièrement des personnages taciturnes, solitaires ou peu diserts, à l’image de ses compositions dans des westerns comme Le train sifflera trois fois, Le Jardin du diable ou Vera Cruz. Toutefois, il fut aussi employé par Ernst Lubitsch dans des comédies de mœurs et interpréta des rôles dramatiques pour Frank Capra, King Vidor (Le Rebelle) ou Otto Preminger (Condamné au silence). Figure majeure du cinéma américain, Gary Cooper fut pendant près de deux décennies un des plus grands champions du box-office aux États-Unis et dans le monde. Ses films engrangèrent plus d’une centaine de nominations diverses et il fut personnellement nommé à cinq reprises pour l’Oscar du meilleur acteur (il reçut la statuette deux fois, en 1942 et 1953).
Pour la petite histoire, on retiendra qu’en 1961 James Stewart accepta au nom de Gary Cooper un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Une façon de boucler la boucle… Ces quatre-là, dont les carrières s’entrecroisent, ont marqué à jamais l’âge d’or du cinéma américain.