Douze ans après le fameux Summertime peint en 1943 (voir ici) , Edward Hopper traite le même sujet : une jeune femme sur un pas de porte. Cette fois, le décor de South Carolina Morning (Un matin en Caroline du Sud) n’est plus urbain mais rural et des couleurs vives se sont substituées aux tons pastels. Une constante : le rapport entre extérieur et intérieur, qui est l’un des thèmes de prédilection de Hopper.
Comme l’explique son biographe Ivo Kranzfelder, “ il le traite à nouveau dans ce tableau sous deux aspects différents : le paysage ouvert contraste avec la maison dont les volets sont fermés, la femme sort d’un domaine pour enter dans un autre.” Contraste aussi entre la partie gauche et la partie droite du tableau, entre le brun sombre de la porte, le rouge intense de la robe et les teintes du paysage : le porche, le champ de blé et la ligne d’horizon du ciel bleu. La vigueur du trait s’affirme dans l’attitude déterminée de la femme, bras croisés, qui contraste, là encore, avec la douceur du paysage. Bien que décalée, n’occupant pas le centre, le regard se fixe instantanément sur elle. Une composition qui n’est pas sans rappeler l’âge d’or du technicolor, Hopper aurait pu être aussi un grand cinéaste.
South Carolina Morning, 1955 – Huile sur toile, 76,2×101,6 cm – New York (NY), Collection of Whitney Museum of American Art
Source : Hopper par Ivo Kranzfelder (éd. Taschen)