Mains jointes et chapeau sur la tête, Marcello Mastroianni se détend dans la baignoire d’une station thermale, le visage empreint de sérénité.Très zen en somme… Apparence trompeuse : en fait, il joue le rôle d’un réalisateur dépressif en panne d’inspiration qui, pour échapper aux pressions de son entourage, se réfugie dans le monde des souvenirs et des fantasmes. Dans Huit et demi (8 1/2), Mastroianni représente le double de Fellini, le reflet fidèle de ses doutes et de son sentiment d’impuissance créatrice. Le titre est à cet égard révélateur, comme si le Maestro ne considérait pas ce film comme un opus à part entière, une oeuvre totalement aboutie. Comme s’il ne s’était même pas donné la peine de lui donner un nom plutôt qu’un numéro anonyme.
L’explication couramment admise est que Fellini avait jusqu’alors réalisé huit longs métrages et un court métrage (Boccace 70 en co-réalisation). Elle nous laisse un peu sur notre faim… Quoi qu’il en soit, selon l’heureuse formule de la critique Ann Ledoux, parvenu «à la moitié du chemin de sa vie», Federico Fellini atteint avec Huit et demi le sommet de son art baroque, dans un film au décousu apparent, où le cinéma s’auto-analyse et s’auto-célèbre avec magnificence et dérision, grâce au jeu d’équilibriste de Marcello Mastroianni.
Pourquoi Huit et demi ?
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Publié le 05 mar 2015 dans Tempo