Ce n’est pas une biographie au sens classique. Ni un roman donnant la part belle à la fiction, aux reconstitutions plus ou moins approximatives. Bien mieux que cela, c’est un superbe portrait attachant, intimiste et psychanalytique de la reine Marie-Antoinette dû à la plume talentueuse de Christine Orban. Pour votre serviteur en tout cas, ce sera sans doute le livre de l’année…
« C’est Marie-Antoinette que je voulais écouter. L’écouter comme si j’avais été sa confidente. Sa voix résonne dans sa correspondance, dans ses silences, dans les mots effacés et retrouvés. Je l’ai entendu. Les lignes tracées de sa main sont comme des notes sur une partition de musique. Je perçois l’incertitude de son timbre, sa sensualité, je perçois des sons graves et légers comme l’eau d’une rivière, une rivière de larmes. » Christine Orban
Charmer, s’égarer et mourir, ainsi Christine Orban résume la vie de Marie-Antoinette, qui n’a pas su vivre mais saura mourir. Un double voyage dans lequel l’auteur s’embarque aux côtés de cette femme aimée puis abhorrée, gâtée et punie comme jamais. Victime des apparences, de la rumeur et du malentendu. Trois thèmes éternels et chers à l’auteur.
Une vie comme une succession de romans : roman d’espionnage, roman de mœurs, roman historique, roman d’amour. Roman noir. Tragédie. Il y a la Marie-Antoinette abandonnée aux fantasmes de tout un peuple et celle qui se révèlera seule par la prise de conscience. Christine Orban revient sur ses pas de son lever rythmé par l’étiquette à Versailles, au Petit Trianon, dans cet étrange cabinet des glaces mouvantes…
Elle passe en revue son lit, affaire d’État, son lit, affaire des médecins, mais aussi son lit affaire privée, ses mots effacés et retrouvés adressés à Fersen l’homme qu’elle aime, jusqu’au soulier perdu sur l’échafaud. Christine Orban semble écouter celle qui « voulait vaincre comme une femme et non pas comme une reine.
Charmer, s’égarer et mourir – le roman intime de Marie-Antoinette par Christine Orban, Albin Michel, 290 p., 19,50€