Qu’y avait-il de commun entre Céline et Léautaud ? Le talent d’écrivain d’abord – encore que dans le cas du premier le terme de génie soit souvent avancé; la dégaine de clochard ensuite, et nul n’ignore que sur la fin de sa vie l’ermite de Meudon avait adopté la mise déguenillée du solitaire de Fontenay-aux-Roses, ce qui tendrait à confirmer leur semblable mépris des conventions et une certaine misanthropie.
Surtout, ce qui les réunit c’est leur amour des chats. Voici à ce propos une anecdote rapportée par Frédéric Vitoux dans son excellent Bébert, le chat de Louis Ferdinand Céline. En juin 1944, Céline décide de gagner le Danemark mais il lui faut d’abord se rendre en Allemagne pour obtenir visas et autres sauf-conduits… A-t-il hésité alors à emmener Bébert ? Selon Frédéric Vitoux, il reçoit à cette époque un mot de Paul Léautaud : « Vous allez sans doute être liquidé à la Libération, lui dit-il en substance, et vous l’aurez bien mérité, je ne verserai pas une larme, mais vous pourrez mourir en paix, sachez que je suis prêt à recueillir Bébert qui seul m’importe. »
Bien que sensible à cette proposition sans ambages, Céline ne lui a pas donné suite. Quant à la lettre ainsi résumée, elle a disparu dans l’incendie du pavillon de Céline à Meudon, le 23 mai 1968.
Une lettre de Léautaud à Céline
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