C’est l’une des toiles les plus célèbres du Douanier Rousseau. Le Père Junier, au premier plan, tenant fièrement les rênes, possédait une épicerie proche du domicile de Rousseau. Les deux hommes deviennent rapidement amis. Pour ce tableau, Rousseau s’est inspiré de photographies prises au cours d’une promenade à Clamart. Il s’est représenté lui même à la droite de Junier. Derrière eux, et de gauche à droite, une jeune nièce assise sur les genoux de Madame Junier et, à coté d’elles, Léa, une autre nièce. Ces personnages sont présentés en plans juxtaposés et leurs tailles respectives sont semblables à ce que l’on observe dans la peinture romane, c’est-à-dire chacun en fonction de son importance. Quatre animaux viennent compléter ce groupe. La belle jument blanche Rosa aux longues jambes fines dont on voit la crinière soigneusement lissée ainsi que deux chiens noirs énigmatiques qui encadrent la jument et enfin Marquis, le chien fidèle des Junier qui prend place au milieu de la famille. Ces bêtes étranges sont présentées de profil et prennent la pose pour le photographe. La scène est figurée dans le cadre dénudé d’une large avenue étrangement déserte. Seul élément présenté en perspective, elle offre une ample respiration par rapport au groupe fermé des personnages. Le noir profond des chiens, des habits des hommes, de la carriole et du harnais fait contrepoint au blanc de la jument et des robes des jeunes filles. Le rouge vif des roues vient équilibrer le tout. La robe orangée de Madame Junier joue comme un doux passage entre ces couleurs vives de même que les teintes beiges du sol.