A l’occasion de l’exposition Tamara de Lempicka présentée à la Pinacothèque de
Paris, voici trois tableaux représentant le même modèle. Le premier, intitulé Le
Rêve ou Rafaëla sur fond vert, dégage une impression de sensualité et de pudeur,
un érotisme élégant qui résume bien le style de l’artiste.
Autre portrait La Tunique rose de Rafaela. Allongée sur un canapé et vêtue
d’une courte « tunique » rose, comme on appelait alors cette sorte de vêtement, le modèle est aisément reconnaissable.
Comme dans le tableau précédent aux dominantes de vert, les harmonies sont ici
réduites à une couleur majeure et des variations de gris.
Le troisième est un nu voluptueux qui ne répond pas précisément aux canons de
beauté de notre époque. Dans la biographie consacrée à sa mère, Kizette de
Lempicka-Foxhall nous apprend que La belle Rafaëla, titre de ce tableau, aurait
été abordée par Tamara lors d’une de ses promenades quotidiennes et matinales au
Bois de Boulogne.
La jeune femme, présentée comme une nymphomane, pas forcément
vénale, aurait frappé Tamara par sa beauté. « Jamais je ne vis une femme plus
belle – d’immenses yeux noirs, un corps splendide. Je l’arrête en lui disant:
Mademoiselle, je suis peintre, et j’aimerais que vous posiez pour moi.
Accepteriez-vous? Elle répond : ’ Oui, pourquoi pas? ‘ Alors nous
prîmes rendez-vous dans mon atelier. » Tamara fut apparemment très satisfaite de
son modèle, puisqu’elle la fit poser pendant plus d’un an.