Cocteau par Modigliani

Publié le 31 déc 2022 — par Sam
Catégorie(s) Galerie

Pas vraiment flatteur et néanmoins superbe, ce portrait de Jean Cocteau fut peint en 1917 par Modigliani dans l’atelier de Moïse Kisling où se réunissaient les amis du peintre.

Picasso avait présenté Cocteau à Modigliani ; Blaise Cendrars qui fut un ami proche de Kisling circule dans ces parages. Autre témoin de ces croisements dans le quartier de Montparnasse, un poète plus discret, Pierre Reverdy, raconte dans le Voleur de Talan que pendant la pose, l’incorrigible Cocteau « parlait sans arrêt, sa voix était aussi forte que la pluie qui frappait la vitre ». Personne ne prêtait véritablement attention à ses propos. Prétextant que le tableau n’entrerait pas dans le taxi qu’il avait appelé pour rentrer chez lui, Cocteau le laissa sur place. Non sans l’avoir généreusement payé la somme de cinq francs.
Plus tard, au cours des années cinquante, Cocteau, peu rancunier, fut sensible à la plus-value symbolique que lui offrait cette toile signée par un grand artiste de son siècle. Bon prince, il écrivit dans un courrier : « Cela ne me ressemble pas, mais çà ressemble à du Modigliani, ce qui est mieux ».

Philippe Casado – La course en fête

Publié le 14 déc 2022 — par Sam
Catégorie(s) Reflets

Bientôt 28 ans déjà… Philippe Casado est décédé le 21 janvier 1995 sur un terrain de rugby à quelques jours de son trente-et-unième anniversaire. Nous ses amis ne l’avons pas oublié. Peu après sa disparition nous lui avions consacré un petit livre Philippe Casado, la course en fête que nous présentions ainsi :

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Né le 1er février 1964 à Oujda (Maroc), habitant à Saint-Estève près de Perpignan, il était un homme et un coureur lumineux. Doté de l’aura, la prestance et la valeur potentielle des meilleurs cyclistes de sa génération. Champion régional du Languedoc-Roussillon avec plus de 80 victoires à son actif, il figura en deuxième place du classement national amateur. Parvenu chez les professionnels, il s’illustrera maintes fois. Mais, assumant avec courage et humilité son rôle de travailleur de l’ombre, il briguera peu les feux des projecteurs. Les spécialistes retiennent de son palmarès de coureur complet (tout à la fois rouleur, grimpeur et sprinter) une échappée fleuve dans le Tour 88, deux belles tentative dans les derniers kilomètres des championnats de France 90 et 91, une victoire d’étape et un maillot rose dans la première étape du Giro 91. Les exigences tactiques, la domination des ténors du peloton, la malchance et son sens du dévouement poussé à l’extrême ont trop souvent bridé les ambitions de celui qui restera comme l’équipier modèle de Greg LeMond et Gilbert Duclos-Lassalle.
Pierre Bosc retrace avec précision et sensibilité le parcours de ce coureur attachant. L’avant-propos de Laurent Jalabert, les témoignages de Robert Forest et Henri Abadie ajoutent une touche d’émotion au portrait de ce compétiteur unanimement apprécié de ses pairs. (éd. Association des Amis de Philippe Casado, 1995 – épuisé)

La Ronde de nuit – Rembrandt

Publié le 12 déc 2022 — par Sam
Catégorie(s) Reflets

Mont tableau préféré et, sans doute, le plus célèbre autant que le plus controversé de Rembrandt. Son titre, La ronde de nuit, ne lui a été donné qu’au début du 19eme siècle. Le titre original, attesté dans la famille du capitaine Banning Cocq sur une esquisse de la peinture, était bien moins sobre : « Scène peinte de la grande salle des arquebusiers de l’hôtel Doelen, dans laquelle le jeune Heer van Purmerlandt [Banning Cocq], transmet ses commandements à son lieutenant, Heer van Vlaerderdingen [Willem van Ruytenburch] »

The night watch Rembrandt 1642 Huile sur toile, 363 x 437 cm Rijksmuseum, Amsterdam

Le tableau commandé pour être accroché dans la salle de banquet de la nouvelle construction qui allait servir de salle de réunion et de banquet aux gardes civils alors au sommet de leur réputation pourrait ainsi s’intituler : La compagnie de Banning Cocq et Willem van Ruytenburch.
De plus le vernis apposé sur la peinture a beaucoup noirci et le tableau représente une scène à la tombée du jour et non pas de nuit. Au premier plan, le commandant Banning Cocq est vêtu de noir tandis que son lieutenant est habillé de jaune. Tout en conversant, le commandant donne à son lieutenant l’ordre de faire marcher la compagnie au pas.
Sur un bouclier au-dessus de la porte se trouvent les noms de 18 gardes représentés. Une compagnie comptait davantage de membres et le tableau représente plus d’une trentaine de personnages, ajoutés par Rembrandt afin de rendre la peinture plus vivante. Néanmoins seuls les gardes civils qui payaient pouvaient reconnaitre leurs traits sur les portraits de groupe. Deux personnages situés sur le côté gauche ont disparu lorsque le tableau à été déplacé pour rejoindre l’hôtel de ville d’Amsterdam en 1715… et découpé pour « s’adapter » à son nouvel environnement entre deux colonnes. Il n’est plus possible de mettre un nom que sur quelques-uns des visages.

Le monde selon Molière

Publié le 17 jan 2022 — par Sam
Catégorie(s) Reflets

Comédien né, acteur fétiche du Roi-Soleil, metteur en scène et auteur de génie, Molière (1622-1673) ne vécut que par et pour les planches. Le Tartuffe, Les Précieuses ridicules, Le Malade imaginaire, L’Avare, Dom Juan… 400 ans après sa naissance, nous nous régalons encore de ses textes et de leur étonnante modernité. Pourquoi une telle postérité ? Parce qu’au milieu du XVIIe siècle, Jean-Baptiste Poquelin invente la comédie sociale qui met à la portée du peuple, en le faisant à la fois rire et réfléchir, les grandes questions qui résonnent encore de notre temps : la relation au pouvoir, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, la santé, la religion.

Sur chacune de ces interrogations, Molière agit en pionnier, presque en révolutionnaire caché sous les masques de la commedia dell’arte. Il explore les arcanes de la société et de la nature humaine avec une causticité nouvelle. La vanité, l’avarice, le désir, l’hypocrisie, l’ambition sont mis à nu et donnent à ses pièces une puissance universelle et philosophique. Tartuffe, par laquelle il secoue la religion, sera le combat de sa vie, un chapitre éminent pour la liberté de conscience. À travers ces « farces profondes », le dramaturge rassemble et unifie. C’est pourquoi nous parlons tous la « langue de Molière », constitutive aujourd’hui de l’identité française et de notre patrimoine. En maestro amoureux des lettres et du théâtre, Christophe Barbier nous fait redécouvrir les mille et une facettes du plus intemporel de nos auteurs.